le thème et l'originalité de ce roman ne laissera personne indiférent Roman qui tire sa force de l’originalité de sa conception. Il entraîne le lecteur tout à la fois dans un monde futuriste et dans le passé. Le passage de l’un à l’autre se fait subtilement et surtout, les deux époques sont intimement liées, imbriquées l’une dans l’autre, puisque toutes deux se rejoignent, mettant « face à face » les deux personnages principaux du livre et reliant les deux aspects du livre : l’écrit d’anticipation et le témoignage autobiographique. Nous sommes en 2105. Kia travaille au Service de Recherche sur la Mémoire. Elle s’apprête à entrer en contact avec une vieille dame décédée, Nannie, vivant dans la années 2000- 2020. Pourquoi ? Quelle nécessité la pousse à faire cette démarche qui pourtant peut lui coûter gros, car interdite et dangereuse ? Et de quelle manière ? Cela, je ne vous le dévoilerai pas. Cette société, la partie « anticipation » du roman, pourrait sembler idéale et pourtant… plus le roman avance et plus nous plongeons dans tout ce qui fait d’elle une « machine » déshumanisante et dévastatrice. Nannie, c’est tout un pan de sa vie à elle, qui se dévoile au lecteur. Mais d’une manière bien particulière car des « morceaux » de son histoire surgissent, à leur guise, sans se soucier de l’ordre chronologique dans lequel ils se sont déroulés ! Et l’on pourrait s’y perdre, mais l’auteure nous donne vite les clés pour nous guider avec un fameux « code couleur », tant et si bien que nous suivons un chemin balisé et que nous ne nous égarons pas. Pourquoi cet aspect décousu ? Croyez-moi, il a une raison très logique, et lorsque vous la découvrirez, vous ne pourrez qu’admirer la prouesse créative de l’auteure. L’existence de Nannie, c’est un témoignage : celui d’une femme ayant vécu sous l’emprise, la violence et la manipulation quotidiennes de son mari, celui d’une femme qui lutte pour protéger ses enfants et qui trouve sa force dans l’amour qu’elle leur porte. Un thème actuel, qui, de la manière dont Kaï a choisi de le traiter, ne s’enferme pas dans un récit trop connu, lu et relu. Ce récit est aussi un cri de colère contre les administrations qui écrasent, voire brisent des vies par leur manque d’écoute, de discernement, transformant des victimes en coupables. Le roman enfin, apporte à Kia, grâce aux souvenirs de Nannie, des révélations la concernant qui la déroutent et mettent toute son existence en question. L’auteur nous prend nous aussi par surprise, et de manière si inattendue, que nous ne pouvons qu’en être bouleversés. L’écriture de Dissonances a sans nul doute, été un gros travail, non seulement de recherche, mais aussi dans la nécessité de conduire un récit qui dans sa forme déstructurée devait rester rigoureusement structuré. Ma phrase est étrange, mais pourtant, c’est exactement cela. Vous comprendrez en le lisant. D’ailleurs, son titre, est en lui-même tout une interrogation : La dissonance se situe-t-elle dans les rapports de Nannie et de son mari ? Dans le monde soit disant parfait de 2105 et sa réalité ? Dans le style volontairement décousu mais structuré? Dans la contradiction entre les dires et les faits de la protection de l’enfance ? Dans l’identité de Kïa, le personnage ? Je conseille la lecture de ce roman qui ne laissera personne indifférent, de par le thème traité et de par son originalité. Dominique